À la veille de mon voyage, notre maman souffrante nous a tous fait assoir à son chevet pour nous prodiguer de précieux conseils.
Nous étions rassemblés à Elig-Edzoa, l’un des quartiers difficiles de Yaoundé, dans ma petite chambre d'étudiant faite en matériaux provisoires, que nous louions à dix mille francs CFA le mois, avant que la vie ne devienne ce qu’elle est aujourd’hui.
Nous la voyions tous les trois, mes deux frères aînés et moi, pour qu’elle nous apporte ses bénédictions et nous souhaite de faire un bon voyage.
J’avoue que mes sentiments à cet instant étaient mitigés.
J’étais stressé, car j’avais peur que ma maman meure après mon départ mais, d’un autre côté, un sentiment de joie et une lueur d’espoir m'habitaient.
En effet, si je réussissais à avoir de meilleures conditions de vie en Belgique, je pourrais subvenir aux besoins de maman en m'assurant qu'elle reçoive des soins de santé de qualité et je pourrais même trouver un logement décent à mes frères aînés restés dans cette chambre d'étudiant dans ce quartier difficile de Yaoundé.
Les inondations, les agressions et le choléra à cause des conditions précaires, meublaient notre quotidien.
Ce quartier abritait la frange la plus pauvre de la population de Yaoundé, avec en prime des réfugiés Tchadiens et Centrafricains avec lesquels on cohabitait ; c’était la misère.
Le jour de mon départ, mes frères et sœurs, cousins, cousines, amis, oncles, tantes et proches m’ont naturellement accompagné à l’aéroport.
Bien que le vol fut prévu pour 05h du lendemain matin avec une escale à Casablanca, nous y étions attendus au plus tard à 23 h pour les formalités administratives.
Pendant la nuit, comme tout Camerounais qui se respecte, nous avons fait la fête en buvant du vin de palme communément appelé Matango (spécialité traditionnelle du Mbam), que mon ami Louis, Conseiller Municipal à la commune de Kon-Yambetta, avait apporté en guise de pot commun d’au revoir.
Le check-in terminé, après les contrôles de passeports et de bagages, nous avons été invités à prendre place dans la zone d’embarquement.
Les larmes aux yeux, j’ai dû consommer cette séparation douloureuse d'avec ma famille, moi qui n’avais que 22 ans.
J’étais rempli d’émotions, partagé entre joie, vu qu'un avenir sans doute radieux m'attendait, et la tristesse de ne plus pouvoir passer du temps de qualité avec mes proches.
En même temps, j'étais enthousiaste à l'idée de faire mon premier voyage en avion ; c’était mon baptême de l’air, moi qui avais passé toute mon enfance au village. Le petit villageois prenait son envol!
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